Bonjour, vous êtes nombreux à vous poser la question et à me l’avoir posée: quelle est la différence entre apprentissage formel et informel ? Il est vrai qu’en démarrant en école à la maison, ce concept peut être assez vague et compliqué à comprendre mais en fait vous allez voir c’est très simple !
Je vais vous montrer que derrière ces deux termes, il y a deux méthodes et philosophies de vie différentes et donc deux manières de faire l’école à la maison.
Plan de l’article:
1 Les apprentissages formels: école à la maison et homeschooling
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- C’est quoi les apprentissages formels ?
- Avantages et inconvénients des apprentissages formels
- Apprentissages formels et école à la maison (ou homeschooling)
- 2 Apprentissages formels et instruction en famille (IEF)
- 3 Les apprentissages informels et « unschooling »
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- C’est quoi les apprentissages informels ?
- Avantages et inconvénients des apprentissages informels ?
- Apprentissages informels et unschooling
Les apprentissages formels : école à la maison et homeschooling
C’est quoi les apprentissages formels ?
Les apprentissages formels, c’est le fait d’apprendre de façon cadrée et structurée :
- Il y a un cadrage de la structure d’enseignement : l’école (ou le collège, le lycée). Ce cadre varie en fonction des exigences de la structure d’enseignement.
- Il y a un cadrage pédagogique : les contenus d’apprentissages sont structurés de façon à ce que les apprentissages soient cohérents entre eux, progressifs dans le temps, structurés au niveau des contenus avec des méthodes d’apprentissages, des pédagogies (façon d’amener l’élève vers le savoir) et des didactiques différentes (façon d’enseigner une matière).
- Et enfin, il y a le cadre que procure le professeur : ce cadrage peut être pédagogique (pour les contenus d’apprentissage) et éducatif si nécessaire.
Tous les professeurs préparent leur journée de classe au millimètre et à la minute près: il n’y a pas de place au hasard dans une classe ! C’est-à-dire qu’il y a un cadrage fort au niveau du tempo de la classe, de la thématique étudiée, des contenus, du travail attendu et proposé.
Place des évaluations dans les apprentissages formels :
Dans les apprentissages formels (ou guidés), les évaluations tiennent une place importante: tout au long de son parcours, l’élève est guidé par des évaluations (évaluation continue / finale). En fin de parcours, des évaluations marquent la fin de son cycle (brevet des collèges, bac etc…) Les apprentissages formels sont donc sanctionnés par un bulletin, un diplôme ou une qualification.
Vous venez de le voir, les apprentissages formels sont donc (plus ou moins fortement) « imposés » et ils doivent être faits. L’enfant n’a pas le choix et doit étudier toutes les matières (que ça lui plaise ou non). On parle aussi d’apprentissages guidés pour parler des apprentissages formels. A l’école, 100% des apprentissages dispensés aux élèves sont formels.
Avantages et inconvénients des apprentissages formels
A présent, voyons en détails les avantages et inconvénients des apprentissages formels. Je vous donnerai ensuite un exemple tiré de mon expérience d’enseignant et d’élève ! (on dit aussi apprenant à mon âge, mais je n’aime pas ce mot).
Avantages des apprentissages formels : la puissance. Les apprentissages formels sont très puissants. Beaucoup de gens se souviennent de leur première leçon apprise par cœur parfois des décennies après l’école primaire.
Quand les apprentissages formels impliquent fortement l’individu (il est volontaire pour apprendre), ils laissent donc des traces et sont formateurs.
Les apprentissages formels permettent également d’avoir une vision très claire du sujet étudié : admettons que votre enfant étudie au lycée les déclinaisons en russe. Etant connaisseur, je peux vous assurer que c’est un vrai bordel ! Et bien avec un cours formel (un tableau des déclinaisons par exemple), ce sera extrêmement clair, facile et engageant d’étudier ce concept.
Inconvénient des apprentissages formels : besoin de l’adhésion de l’individu. Vous l’avez deviné, les apprentissages formels demandent à l’enfant d’être « scolaire », c’est-à-dire de se conformer au cadre de l’école, ses règles, ses habitudes et son mode de fonctionnement. Or, il peut arriver que certains enfants aient besoins d’apprendre autrement, de plus de liberté, d’une pédagogie différente. C’est là qu’interviennent l’instruction en famille (IEF) dans un premier temps et ensuite l’unschooling.
Apprentissages formels et école à la maison (ou homeschooling)
En école à la maison (ou homeschooling) 100% des apprentissages proposés sont formels (ou guidés) : et oui, puisque comme son nom l’indique, l’école à la maison, c’est la reproduction, la transposition, de l’école chez-soi : L’organisation de l’école est donc reproduite dans les moindres détails :
Reproduction du cadre de vie de l’école : Les horaires sont donc fixes et établis à l’avance. Le lieu des apprentissages est aussi le plus souvent (suivant les possibilités des familles) fixé dans une pièce spéciale du domicile : une chambre dédiée par exemple.
Reproduction de la méthodologie d’enseignement de l’école : Il y a deux types d’écoles à la maison : celle avec les cours par correspondance (CPC) et celle sans CPC. Dans les deux cas, l’école à la maison ne fait que reprendre la méthodologie d’enseignement de l’école. Rien de bien nouveau donc :
- Pour l’école à la maison sans cours par correspondance, l’enfant apprend à partir de manuels scolaires et/ou de contenus pédagogiques construits par les parents.
- Pour l’école à la maison à base de cours par correspondance, l’enfant apprend à partir des contenus reçus dans ce cadre (exemple le CNED).
Avec les cours par correspondance, le guidage est simple : il suffit simplement de suivre le plan fourni. Il n’y a donc pas de stress pour les parents, peu de questions à se poser, c’est une solution « clé en main ».
Apprentissages formels et école à la maison: quel impact pour les familles ? Le plus souvent, les familles se tournent vers l’école à la maison (avec ou sans CPC). Pourquoi ce choix ? Je pense qu’il y a plusieurs raisons à cela :
- Ce choix implique pas ou peu de remise en cause et de travail sur soi (par rapport aux apprentissages non formels de type unschooling).
- Pour les cours par correspondance : ce n’est pas stressant et la préparation est peu chronophage, car il y a juste à suivre le plan du cours.
- Pas besoin de lâcher prise comme on peut le voir en IEF et unschooling.
Pour résumer :
- Ecole à la maison → 100 % formel.
Apprentissages formels et instruction en famille (IEF)
Nous venons de voir que les familles choisissant l’école à la maison comme mode d’instruction reproduisent le cadre de l’école à domicile. En école à la maison, 100% des apprentissages sont donc formels.
Nous verrons dans une prochaine partie qu’il existe un mode d’instruction où les apprentissages sont (majoritairement) informels (unschooling) et donc 0% formels.
Pour résumer :
- Ecole à la maison → 100 % formel.
- Unschooling → 0% formel et 100% informel.
Je tiens à vous présenter l’instruction en famille (ou IEF) qui constitue une position intermédiaire entre l’école à la maison et le unschooling.
En IEF, on retrouve généralement beaucoup de familles qui viennent de l’école à la maison et qui veulent aller plus loin. Elles commencent à prendre confiance, à lâcher prise au niveau des apprentissages et surtout de leurs propres conditionnements (les parents ont été à l’école…) ce n’est pas une chose facile !
L’instruction en famille est donc une position intermédiaire entre l’école à la maison et le unschooling, et puisque chaque famille est unique, chaque famille a son propre « dosage » entre apprentissages formels et informels.
Généralement, comme il y a un début de lâcher prise, les familles IEF lâchent prise sur les apprentissages les « moins importants » : histoire / géo, sciences etc.. (apprentissages informels donc) et les apprentissages fondamentaux (maths et le français) se font toujours en formel.
Pour résumer :
- Ecole à la maison → 100 % formel.
- Instruction en famille (IEF) → une partie en formel / une partie en informel.
- Unschooling → 0% formel et 100% informel.
Reproduire le modèle de l’école chez-soi avec l’école à la maison peut être un succès chez certains enfants, mais d’autres ne supportent plus le modèle scolaire actuel et le reproduire chez-soi ne fera que déplacer le problème. Comment faire quand l’enfant refuse le cadre de l’école de façon fort et clair ?
Une approche différente est donc nécessaire avec plus de liberté: c’est ce que l’on appelle les apprentissages informels (unschooling).
Les apprentissages informels et le « unschooling »
Les apprentissages informels qu’est-ce que c’est ?
Les apprentissages informels, ce sont tous les apprentissages qu’un enfant fait dans sa vie de tous les jours sans même s’en rendre compte. L’enfant « déclenche » ces apprentissages informels dans sa vie quotidienne, ses activités, ses passions, ses besoins et recherches du moment.
Le meilleur exemple d’apprentissage formel est l’acquisition du langage : un enfant acquiert le langage très tôt de manière innée grâce à son environnement linguistique proche. Il peut même apprendre plusieurs langues maternelles en même temps ! (évidement il n’y a pas de cours guidés – ou formels – en dessous de 3 ans…)
Les apprentissages formels sont par nature indéterminés, imprévisible et ne peuvent pas être programmés. Ils ne sont donc ni cadrés (puisque insaisissables et imprévisibles) ni structurés :
Si on reprend la comparaison avec les apprentissages formels de la 1er partie ça nous donne :
- Pas de structure d’enseignement, car comme vous l’avez appris précédemment, les apprentissages formels ne sont pas structurables et programmable mais plutôt « évanescents ». L’une des branches de l’école à la maison où l’on retrouve le plus d’apprentissages non formels est le « unschooling » que l’on pourrait traduire par « non scolarisation » (de l’enfant), « dé-sco » ou encore « non-sco ».
- Pas ou extrêmement peu de cadrage pédagogique pour les mêmes raisons.
- Pas d’évaluations.
Avantages et inconvénients des apprentissages informels
Avantages des apprentissages informels: ils sont d’ordres psychologiques et indéniables car reposant sur le postulat que tout le monde aime apprendre comme principe de base de l’être humain (je suis convaincu que ce dernier est vrai, après plus de 10 années d’enseignement à tous les niveaux, je n’ai jamais vu des enfants et des jeunes dire le contraire même – et surtout – les plus récalcitrants – aux apprentissages) .
Le fait d’apprendre le plus naturellement du monde, c’est-à-dire à son rythme, à travers ses propres besoins et intérêts du moment font que l’enfant apprend avec beaucoup de plaisir. Il ne développe pas de blocages au niveau de ses apprentissages comme on peut le voir à l’école où il faut absolument suivre le rythme de la classe. Son intelligence, qui est un élan vital, va le pousser à expérimenter, se questionner, oser et créer, prendre des risques dans ses apprentissages. Par exemple à propos du risque de prendre la parole devant un groupe, essayez de vous souvenir de vos années de lycées et des cours de langue, et bien je pourrais mettre ma main au feu qu’il n’y avait pas foule au portillon lorsqu’il s’agissait de s’exprimer à l’oral. Pourquoi ? Parce que notre amour du risque et d’apprendre ont été étouffé par les contraintes de la vie en communauté et tous ses désagréments.
Les jeunes ayant la chance d’apprendre de façon informelle, développent une grande confiance en eux, une soif d’apprendre énorme et une grande autonomie.
Inconvénients des apprentissages informels : les apprentissages informels demandent de la part des parents une bonne dose de confiance en soi et de lâcher prise. Au début, ces familles unschooling sont souvent dans le doute. Ce lâcher prise est bien entendu un travail sur soi des parents et parfois même sur l’enfant s’il a déjà été scolarisé dans le passé.
Apprentissages informels et unschooling
Le unschooling c’est quoi ?
Quel est le point commun entre apprendre sa langue maternelle, courir, sauter, apprendre à faire du vélo, mentir et découvrir la flore de son jardin ? Ce sont des apprentissages informels. Ce sont des apprentissages de la vie quotidienne (liés à la famille, aux loisirs, aux besoins journaliers) qui ne sont ni organisés ni structurés et sans aucun encadrement. Ceux-ci sont donc sans règles et régulés par l’enfant. Les apprentissages ne passent donc pas par un manuel ou un support écrit et encore moins par un cours guidé car ils sont informels.
Le unschooling repose sur le principe des apprentissages informels. C’est un modèle radicalement différent de celui de l’école à la maison (ou homeschooling). Les parents qui choisissent ce mode d’enseignement souhaitent avant tout l’épanouissement de leur enfant, le développement de sa confiance en lui et de sa liberté de penser. Ils pensent qu’un enfant apprend pour lui et non par et pour un adulte ou un programme à respecter. Ils savent que chacun apprend à son rythme et que l’on apprend tout au long de sa vie.
L’idée est que l’enfant apprend en fonction de ses besoins du moment (un enfant est en croissance et passe donc par des « phases sensibles » comme le disait Montessori). Tout est donc propice aux apprentissages: l’étude de la faune et de la flore de son jardin (une simple fourmilière suffit à passionner des enfants !), une passion pour le bricolage, ou cuisiner :
Car à y regarder de plus près, faire la cuisine c’est apprendre de nouveaux gestes et de nouveaux mots, c’est aussi récupérer une recette sur Internet (ou dans un livre), écrire la requête dans un moteur de recherche (ou se déplacer à la bibliothèque), la lire, la comprendre etc…
- Pas de cadre ferme : Chez les familles optant pour le unschooling, il n’y a pas d’horaires comme à l’école ni de lieu fixe où apprendre. L’enfant n’est pas scolarisé et ne suit donc pas le modèle de l’école à la maison.
- Pas d’évaluations: Puisque c’est l’enfant qui apprend et qui « va » vers les savoirs (et non l’inverse avec le système classique où le savoir tombe « d’en haut »), il n’a pas de comptes à rendre: il apprend par lui-même, pour lui-même. il n’y a donc pas d’évaluation avec les apprentissages autonomes ou unschooling.
- Avantages et inconvénients du « unschooling » : Les jeunes optant pour les apprentissages informels (unschooling) ont plus confiance en eux et sont plus autonomes très tôt ce qui est une très bonne chose. Ils développent plus de compétences dans les domaines qui les intéressent. Par contre, ces enfants n’ayant pas de culture scolaire ont tendance à avoir plus de difficultés lors des examens.
Les parents qui optent pour les apprentissages autonomes sont souvent étonnés de voir leurs enfants apprendre à lire, écrire aussi facilement qu’ils ont appris à marcher, parler.
Pour résumer :
- Ecole à la maison → 100 % formel / 0% informel.
- Instruction en famille (IEF) → une partie en formel / une partie en informel.
- Unschooling → 0% formel et 100% informel.
Et vous, quelle est votre réalité école à la maison ? Quelle place laissez-vous aux apprentissages formels et informels ? Avez-vous évolué ? Quel est votre parcours ? N’hésitez pas à commenter cet article !
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